Greg Van Avermaet: "je veux peser une dernière fois sur la course"
4 octobre 2023 - 13:43
Comme Philippe Gilbert un an plus tôt, il a choisi les chemins de vigne pour refermer sa formidable carrière. Ce dimanche, Greg Van Avermaet accrochera son ultime dossard sur Paris-Tours. Une classique qui colore son vaste palmarès, riche d’un titre olympique à Rio en 2016, d’un Paris-Roubaix et de deux étapes sur le Tour de France pour ne pointer que les victoires les plus prestigieuses. À 38 ans, le Belge d’AG2R-Citroën entend conclure l’histoire dans la lumière d’une grande performance, après avoir éliminé les restes d’un Covid qui l’a diminué à son retour des classiques canadiennes.
Greg, vous accrocherez le dernier dossard de votre carrière ce dimanche entre Paris et Tours. Une classique que vous avez remportée en 2011, du reste. Que représente cette victoire dans votre palmarès ?
C’est vraiment la première grande classique que j’ai gagnée. J’avais déjà remporté des courses avant mais là, c’était différent. Paris-Tours, c’est un autre niveau. En m’y imposant, j’ai compris que j’étais capable de gagner de gros morceaux. J’ai toujours aimé cette classique, complète, difficile, en fin de saison. Il y a un peu de tout, du stress, du vent, des bosses sur la fin. J’y ai toujours fait une belle course. Je me souviens, je l’ai découverte chez les Espoirs en 2006 et j’ai tout de suite accroché. Je ne me souviens plus trop, je dois faire quatrième cette fois-là (NDLR : il termine en fait … deuxième) mais j’ai directement compris que c’était pour moi. Je gagne en 2011, je fais encore troisième quatre ans plus tard avec une crevaison. C’est vraiment une très belle classique que tout le monde veut gagner. Evidemment, ce n’est pas un Monument ou un titre olympique mais ça reste très joli sur un palmarès (sourire).
Depuis votre victoire, la classique a fait sa mue, en introduisant les chemins de vigne. Vu votre profil, vous qui venez en plus de disputer ce dimanche l’Euro de gravel, vous devez apprécier cette nouveauté…
J’apprécie même si c’est parfois assez cassant et qu’il y a beaucoup plus de crevaisons. En 2021, j’ai crevé deux, trois fois et la course était finie pour moi. Désormais, il faut la tête, les jambes et un peu de chance pour s’imposer sur Paris-Tours. J’espère vraiment en avoir ce dimanche car j’ai envie de finir en beauté. Le côté « punchy », les relances, les bosses qui n’ont pas besoin d’être de grands cols pour faire mal, j’adore ça.
C’est donc un Greg Van Avermaet en mode « feu d’artifice » qui débarquera à Chartres ce dimanche ?
(Rires). Je l’espère. J’ai en tout cas tout fait pour être au mieux de ma condition. Je suis motivé et si les jambes répondent, je pense que je peux aller chercher un bon résultat. Gagner ne sera pas facile mais je veux peser, une dernière fois, sur la course. Je suis revenu du Canada avec le Covid et j’ai dû couper. J’étais déçu car ma condition a évidemment été affectée mais j’ai encore quelques jours pour peaufiner, pour revenir. Une chose est certaine, je veux arrêter au haut-niveau. Après, je sais aussi que c’est une course tellement difficile qu’il n’y a pas de place pour les cadeaux ou les sentiments. Si je ne suis pas bien, ils ne m’attendront pas…
« La dernière course, c’est logiquement empreint d’une fameuse dose d’émotion. Mais pas de nervosité, par contre. Je suis juste content de ma carrière, content de ce que j’ai réussi à réaliser, content d’arrêter quand je veux, aussi »
Qu’espérez-vous comme scenario ?
Une course de mouvements, avec un peu de vent dans la première partie pour émousser les équipiers et écrémer le peloton. Ça donne plus de chances aux hommes forts de rester devant quand arrivent les grandes manœuvres. C’est comme ça que j’ai gagné en 2011, avec un peloton complètement cassé. C’est la course idéale, complètement débridée… mais avec ma condition actuelle, si c’est un tout petit peu plus calme, c’est bien aussi (rires).
Qui pointez-vous comme les principaux favoris ?
Des gars rapides, « punchy » et qui savent terminer le travail avec un bon sprint. Des « sprinteurs-puncheurs » comme Arnaud Démare par exemple. Le nouveau champion d’Europe Christophe Laporte ou un Arnaud De Lie sont aussi à classer dans cette catégorie.
Dimanche, il y aura une pointe d’émotion ou, au contraire, de l’excitation pour la dernière course de votre carrière ?
Pas de grand stress en tout cas même si ce sera évidemment un moment très spécial. J’ai roulé dix-sept ans chez les pros, se dire que c’est la dernière course, c’est logiquement empreint d’une fameuse dose d’émotion. Mais pas de nervosité, par contre. Je suis juste content de ma carrière, content de ce que j’ai réussi à réaliser, content d’arrêter quand je veux, aussi. C’est la bonne décision, je ne reviendrai pas dessus. C’est que, je prends de l’âge et peux me dire : ‘quand-même, c’était bien’ (large sourire). J’aime toujours autant le vélo et je vais continuer à rouler mais, désormais, pour moi. Plus dans l’idée de faire des résultats. La tête, je pense, le voudrait encore mais plus les jambes. Dimanche, après une journée chargée en émotion et, je l’espère, un grand Paris-Tours, je vais couper. Prendre une année un peu tranquille et profiter avec ma famille.
Greg Van Avermaet
Né le 17 mai 1985 à Lokeren (Bel)
Équipes successives
2006 : Bodysol
2007-2010 : Predictor-Lotto / Silence-Lotto / Omega Pharma-Lotto
2011-2018 : BMC Racing
2019-2020 : CCC Team
2021-2023 : AG2R-Citroën
Principales victoires
. 2 étapes remportées sur le Tour de France (2015, 2016)
. Champion olympique à Rio (2016)
. Vainqueur de Tirreno-Adriatico (2016)
. Vainqueur de Paris-Roubaix (2017)
. Vainqueur de Gand-Wevelgem (2017)
. Double vainqueur du Omloop Het Nieeuwsblad (2016, 2017)
. Double vainqueur du Grand Prix cycliste de Montréal (2016, 2019)
. 11 fois porteur du Maillot Jaune sur le Tour de France (3 jours en 2016 ; 8 jours en 2018)
11 participations à Paris-Tours
Vainqueur en 2011 / 6e en 2012 / 3e en 2015