« Jouer avec les lois de la physique »

3 octobre 2024 - 14:05

Arnaud De Lie attire tous les regards, et pas seulement outre-Quiévrain, depuis sa première saison pro marquée par un impressionnant total de neuf victoires. Il n'avait que 20 ans et le Wallon n'a depuis cessé de confirmer les espoirs placés en lui pour s'affirmer comme une véritable référence du sprint. Il est même un peu plus que cela aujourd'hui. Le coureur de Lotto Dstny possède le punch et la polyvalence des vainqueurs du Tro Bro Leon, caste intégrée ce printemps, un terrain musclé et cahoteux qui n'est pas sans lui rappeler Paris-Tours, son dernier objectif de l'année. Mardi, sur Binche-Chimay-Binche, il a frappé fort en dominant Jasper Philipsen, un adversaire qu'il avait déjà battu en juin pour endosser le maillot de champion de Belgique et qu'il retrouvera dimanche. Le « Taureau de Lescheret » se dit confiant sur sa capacité à battre, une fois de plus, le triple vainqueur d'étapes du dernier Tour de France au bout de l'avenue de Grammont. Sans exclure pour autant de s'amuser avec les éléments, la pluie ou le vent, s'ils sont présents, pour imposer un autre scénario que celui d'une explication au sprint.

Vous venez de gagner de manière impressionnante Binche-Chimay-Binche, mardi, en devançant Jasper Philipsen. Comment qualifieriez-vous votre forme en vue de Paris-Tours ?

Rassurante. Parce qu'après le Grand Prix de Wallonie, il y a deux semaines, j'étais un petit peu malade. J'ai traîné ça et j'arrivais avec beaucoup d'interrogations à l'approche de Binche-Chimay-Binche. Finalement, j'ai su m'imposer là-bas. C'est rassurant pour les deux dernières courses qu'il me reste [il dispute le Sparkassen Münsterland Giro ce jeudi]. Paris-Tours, c'est un objectif. Cela reste une très belle course, avec du gravel, en plus, que j'apprécie particulièrement.

Vous avez en effet remporté le Tro Bro Leon ce printemps, une course qui emprunte aussi des chemins, les fameux ribinoù. Hormis cette caractéristique commune, à quel point trouvez-vous ces deux épreuves comparables ?

Premièrement, ce sont vraiment les mêmes efforts, des efforts d'un peu moins de 1'30". Les deux parcours me correspondent assez bien. Franchement, ces deux courses se ressemblent fortement. Mais sur Paris-Tours, le final est plus explosif. La fin sera dure. La course au Tro Bro Leon est un peu plus décousue, on s'y retrouve davantage en "un à un". Et il faut voir aussi la météo. On sait qu'à Paris-Tours les risques de bordure sont très présents. J'espère qu'il y aura un peu de vent pour jouer avec les lois de la physique et faire des bordures.

On attend surtout des averses, dimanche, ce qui pourrait aussi avoir un gros impact sur le scénario alors que les dernières éditions étaient sur le sec…

C'est sûr. Je n'ai jamais participé à Paris-Tours avec de la pluie. Quand c'est un bon temps d'automne avec de la pluie et du vent, ça peut faire de gros dégâts et une course très dure. On se retrouvera peut-être davantage dans une situation comparable au Tro Bro Leon, en homme contre homme. C'est quelque chose qui pourrait vraiment me convenir.

« S'il faut choisir, je préfère une course assez débridée où cela se joue homme contre homme »

À l'inverse du Tro Bro Leon, où vous aviez fini 4e et 2e en 2022 et 2023, vos deux premières participations sur Paris-Tours ne se sont pas franchement bien passées puisque vous avez dû abandonner … les deux fois. Mais c'est une course que vous estimez dans vos cordes !

La première année, il y a eu une grosse chute massive à un peu moins de 60 kilomètres de l'arrivée. Malheureusement, j'étais dedans. C'était une belle chute et j'ai dû abandonner sur le coup. L'an passé, j'ai subi 3 ou 4 crevaisons. La course était finie, j'étais beaucoup trop loin et on a préféré stopper car ça ne servait plus à rien de rallier l'arrivée. Mais je l'avais déjà faite en espoirs, j'avais terminé 9e. Je sais que c'est une course qui peut me convenir réellement. Je suis très motivé pour Paris-Tours. J'ai beaucoup d'envie, cette année, pour rallier l'arrivée et surtout dans un groupe qui joue la victoire.  

Votre profil vous permet d'envisager de gagner au sprint, en courant sur la défensive, mais aussi en attaquant car l'on connait votre caractère et votre envie d'aller de l'avant. Quel est selon vous votre meilleure chance de gagner dimanche ?

Premièrement, il faudra éviter les crevaisons et les ennuis mécaniques, ce sera très important ! Il faudra voir comment se passe la course. Si elle est vraiment débridée, il faudra être sur un mode plus offensif. Mais si c'est moins débridé comme les deux dernières années, je devrai être plus sur la réserve. Mais ça dépend chaque année… s'il faut choisir une des deux situations, je préfère une course assez débridée où cela se joue homme contre homme.  

Et en cas de sprint, vous vous savez capable de battre tout le monde, y compris Jasper Philipsen, que vous avez devancé mardi à Binche mais aussi en juin au championnat de Belgique…

Oui c'est sûr. L'année passée, j'aurais été quasi-sûr qu'il allait me battre. Là, j'ai su quand même le devancer sur deux courses. Je vois que la possibilité de le battre est bien présente. Et surtout après une course aussi dure que Paris-Tours. Je vois que mes chances sont très grandes. Mais voilà, il y a toujours le facteur chance qui entre en jeu sur la nouvelle version de Paris-Tours. Donc il faudra d'abord éviter tout problème. Et ensuite penser à la victoire.

Arnaud De Lie
Né le 16 mars 2002 à Libramont (Bel)  

Équipe
2022-2024 : Lotto Soudal / Lotto Dstny  

Principales victoires
. Champion de Belgique (2024)
. Grand Prix de Québec (2023)
. 5e étape du Renewi Tour (2024)
. Binche-Chimay-Binche (2024)
. Tro Bro Léon (2024)
. Circuit Franco-Belge (2023)
. Johan Museeuw Classic (2022)